La molécule acétamipride, jusqu’ici parfois présente dans les insecticides domestiques, est sur le point d’être très fortement restreinte pour les particuliers. L’Union européenne a annoncé que les produits biocides contenant cette substance ne pourront plus être mis à disposition après le 31 janvier 2028. Cette décision répond à des alertes sur ses effets potentiels sur la santé et l’environnement. Mais concrètement, que va changer pour les consommateurs, les commerces et les professionnels ?
Calendrier sur l’acétamipride : vers une suppression progressive
La disparition progressive de l’acétamipride, insecticide encore présent dans certains produits ménagers, s’inscrit dans une série de décisions européennes et françaises prises entre 2024 et 2028.
Tout débute le 12 mars 2024, lorsque la Commission européenne adopte un premier règlement restreignant les néonicotinoïdes, pointant leurs effets sur les pollinisateurs.
Le 29 janvier 2025, un nouveau texte, le Règlement (UE) 2025/158, abaisse nettement les limites maximales de résidus (LMR) d’acétamipride dans l’alimentation. Cette mesure entre en vigueur le 19 août 2025.
En France, le débat s’enflamme autour de la loi “Duplomb”, qui tentait de réautoriser temporairement la molécule. Mais le 7 août 2025, le Conseil constitutionnel censure le texte, estimant qu’il contrevient à la Charte de l’environnement.
Le 30 juillet 2025, l’ECHA confirme qu’aucune demande de renouvellement d’autorisation n’a été déposée. Deux mois plus tard, le 30 septembre 2025, elle officialise le retrait des insecticides ménagers contenant cette substance.
L’approbation européenne prendra fin le 31 janvier 2027, les ventes au public cesseront au plus tard le 30 juillet 2027, et l’usage sera totalement interdit dès le 31 janvier 2028.
Pourquoi cette mesure ? Les enjeux sanitaires et écologiques
L’acétamipride est un néonicotinoïde systémique employé dans certains produits biocides et insecticides. Son mode d’action sur le système nerveux des insectes est efficace, mais ses effets collatéraux sont de plus en plus documentés. L’EFSA a signalé des incertitudes de toxicité neurodéveloppementale et, en mai 2024, a recommandé d’abaisser fortement la dose journalière admissible (DJA) et la dose aiguë de référence (ARfD), en intégrant le métabolite IM-2-1 dans l’évaluation des risques. Dans la foulée, le règlement (UE) 2025/158 a revue à la baisse de nombreuses LMR pour l’acétamipride.
Sur le plan environnemental, l’ANSES souligne la mobilité dans l’eau de la substance, susceptible de contaminer sols, nappes et cours d’eau. Des campagnes de surveillance ont mis en évidence des résidus de néonicotinoïdes dans les milieux aquatiques à des niveaux pouvant affecter des espèces non cibles. Par ailleurs, la littérature relie les néonicotinoïdes à des impacts sur les pollinisateurs (désorientation, baisse de la reproduction). Chez l’humain, les publications restent prudentes mais évoquent des effets oxydatifs et inflammatoires à fortes expositions et un risque accru pour les travailleurs exposés de manière répétée.
Au total, la combinaison d’indices sanitaires (seuils d’exposition revus à la baisse) et de signaux environnementaux (persistance et transfert vers les milieux aquatiques) justifie un retrait progressif : fin d’approbation biocide au 31 janvier 2027, fin des ventes au public au plus tard le 30 juillet 2027, puis interdiction d’usage au 31 janvier 2028. Cette trajectoire acte la sortie programmée de l’acétamipride des produits ménagers en Europe.
Le débat français : entre interdiction, lobbying et revirements politiques
En France, l’usage agricole des néonicotinoïdes, dont l’acétamipride, est interdit depuis 2018 (avec quelques dérogations).
La proposition dite « loi Duplomb » visait à réintroduire l’acétamipride dans certaines cultures (betterave, noisette), mais cette réintroduction a suscité une vive opposition : plus de 2 millions de signatures contre ce retour ont été recueillies.
Début août 2025, le Conseil constitutionnel a finalement censuré les dispositions autorisant l’acétamipride, estimant qu’elles étaient contraires au principe de protection de l’environnement.
Ainsi, en France, même si la mesure européenne concerne les biocides (usage domestique), ce débat illustre les tensions entre agriculture, santé publique et déréglementation.
Source : TikTok – @leparisien. Interdiction prochaine de l’acétamipride : explication par Le Parisien.
Impacts pour les consommateurs, commerces et professionnels
L’interdiction prochaine de l’acétamipride ne concernera pas uniquement les fabricants : elle aura des répercussions concrètes à chaque maillon de la chaîne, du particulier au distributeur. Cette transition demandera une adaptation rapide pour limiter les pertes économiques et accompagner le changement vers des alternatives plus sûres.
- Pour les particuliers : d’ici 2027, les produits contenant de l’acétamipride disparaîtront progressivement des rayons. Ceux qui en possèdent devront s’en débarrasser via les points de collecte agréés, sans possibilité de rachat.
- Pour les commerces : gestion de stock, retrait des produits et information clients seront au cœur du dispositif. Les enseignes devront anticiper le nettoyage des rayons et ajuster leur catalogue avant la date limite.
- Pour les professionnels de la lutte antiparasitaire : ils devront réviser leurs gammes et se tourner vers des biocides alternatifs. Certaines filières agricoles pourraient toutefois bénéficier de dérogations temporaires, le temps de trouver des solutions de substitution.
- Pour le marché global : cette mesure ouvre la voie à une montée en puissance des produits éco-conçus et “verts”, mais crée aussi des tensions pour les fabricants qui dépendaient encore de cette molécule.
Cette interdiction ne se limite pas à une question réglementaire : elle amorce une recomposition du marché des insecticides. Les consommateurs seront incités à opter pour des produits plus respectueux de l’environnement, tandis que les professionnels devront conjuguer efficacité et conformité.





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