Nématode du pin : la forêt des Landes face à un nuisible sous surveillance maximale

✍️ Auteur : Éliane Vasseur-Roche  |  🗓️ Publié le : 24 novembre 2025

En novembre 2025, la découverte du nématode du pin à Seignosse, dans les Landes, fait basculer un risque longtemps théorique en crise forestière bien réelle.

Seignosse, Landes — Pour la première fois en France, le nématode du pin (Bursaphelenchus xylophilus), organisme de quarantaine prioritaire dans l’Union européenne, a été officiellement détecté dans un peuplement de pin maritime. En quelques jours, l’État a placé près de 36 000 hectares de forêt sous surveillance, instauré une zone tampon de 20 km et programmé l’abattage sanitaire de dizaines d’hectares. Entre urgence phytosanitaire, choc économique pour la filière bois landaise et inquiétude des communes forestières, ce foyer pilote désormais la stratégie française contre ce ravageur.

Landes, novembre 2025 : première alerte en France et forêt mise sous cloche

Pour la première fois en France, le nématode du pin Bursaphelenchus xylophilus a été détecté à l’automne 2025 dans la forêt landaise, sur la commune de Seignosse (Landes), au cœur d’un peuplement de pins maritimes. Des symptômes de dépérissement anormal ont été repérés dans une parcelle, déclenchant des prélèvements ciblés dans le cadre de la surveillance du Département de la santé des forêts (DSF).

Des échantillons issus d’une quinzaine d’arbres affaiblis ont été analysés par le laboratoire national de référence de l’Anses. Le 3 novembre 2025, les résultats tombent : la présence de B. xylophilus est confirmée sur plusieurs échantillons. Le 4 novembre, le ministère de l’Agriculture officialise la découverte dans un communiqué national.

Dans la foulée, le préfet de Nouvelle-Aquitaine Étienne Guyot signe un arrêté d’urgence : une zone infestée de 500 mètres de rayon est délimitée autour des arbres contaminés, entourée d’une zone tampon de 20 km. Au total, 42 communes landaises et 10 communes des Pyrénées-Atlantiques sont concernées, soit environ 36 000 hectares de peuplements résineux placés sous surveillance renforcée.

Dans la zone infestée, environ 61 hectares de pinède appartenant à 24 propriétaires doivent être abattus et traités selon un protocole strict : broyage et valorisation en installations sous contrôle pour neutraliser le parasite et l’insecte vecteur. Conformément au droit européen, ce massif est désormais « mis sous cloche » pour au moins quatre ans : tant qu’aucun nouveau cas n’est détecté, la zone restera soumise à des restrictions de circulation du bois, à des abattages sanitaires ciblés et à des prospections régulières au sol et par drone pour tenter d’éradiquer un foyer encore limité.

Un ver microscopique classé organisme de quarantaine : origine, fonctionnement, dégâts

Nématode du pin adulte Bursaphelenchus xylophilus, ver microscopique responsable du dépérissement rapide des pins

Le nématode du pin est un ver rond microscopique de moins d’un millimètre, parasite des conifères. L’espèce en cause, Bursaphelenchus xylophilus, est originaire d’Amérique du Nord. Elle ne doit pas être confondue avec le nématode indigène Bursaphelenchus mucronatus, morphologiquement proche mais considéré comme non virulent pour les pins européens.

Introduit au Japon puis en Chine et en Corée, le parasite a ensuite été détecté en Europe : Portugal (1999), puis Espagne (à partir de 2008). En raison des ravages observés dans les pinèdes, B. xylophilus est classé par l’Union européenne comme « organisme de quarantaine prioritaire ». Son introduction et sa dissémination sont interdites et toute détection déclenche des mesures de lutte obligatoires. Il ne représente aucun danger pour la santé humaine ou animale, son impact est uniquement forestier.

Le nématode est étroitement associé aux coléoptères longicornes du genre Monochamus, en particulier Monochamus galloprovincialis en Europe. Les adultes émergent de bois affaiblis ou morts en printemps-été, chargés de milliers de nématodes dans leur trachée. Lors des morsures de maturation sur des pins sains, les nématodes pénètrent par les plaies, colonisent les tissus conducteurs de la sève et se multiplient rapidement, surtout par temps chaud.

Ils provoquent la « pine wilt disease » : jaunissement puis rougissement des aiguilles, flétrissement du houppier, chute de production de résine et mort possible en quelques semaines. Le pin maritime (Pinus pinaster), très présent dans les Landes, fait partie des essences les plus sensibles, aux côtés du pin sylvestre, du pin noir d’Autriche ou du pin d’Alep. Le parasite peut aussi survivre plusieurs mois à plus d’un an dans le bois mort en se nourrissant de champignons, ce qui rend les transports de bois, palettes et écorces particulièrement à risque.

Les retours d’expérience sont lourds : au Portugal, des millions de pins ont été abattus depuis 1999 et une part importante des pinèdes a disparu, avec des coûts cumulés en centaines de millions d’euros. En Espagne, des foyers restent contenus au prix d’abattages massifs et de zones tampons. En Asie, le nématode a déjà tué des millions de pins au Japon et en Chine. C’est ce bilan international qui éclaire la réaction très rapide des autorités françaises après la détection landaise.

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Mesures d’urgence et vie quotidienne : ce que change la quarantaine dans les Landes

Derrière les arrêtés préfectoraux, la quarantaine liée au nématode du pin se traduit très concrètement sur le terrain. Dans le périmètre déjà délimité autour de Seignosse, tous les acteurs doivent s’adapter : exploitants forestiers à l’arrêt, communes en première ligne pour faire appliquer les règles, habitants invités à revoir leurs gestes habituels avec le bois de pin.

Les coupes de résineux sont fortement encadrées, parfois suspendues, pour éviter de déplacer du bois potentiellement porteur du parasite ou de son insecte vecteur. Les travaux forestiers et d’élagage sur conifères ne peuvent reprendre que sous conditions, avec contrôle des services de l’État. Côté particuliers, le message est clair : ne plus déplacer de bois de pin hors de chez soi, ne pas alimenter les tas de “déchets verts” avec des branches de résineux qui risqueraient ensuite de circuler.

Les déchetteries ont dû adapter leur fonctionnement : fermeture temporaire aux résineux, puis réouverture progressive avec circuits séparés et broyage immédiat des apports de pins pour limiter tout risque. Les habitants peuvent continuer à se promener en forêt – le nématode ne présente aucun danger pour la santé humaine – mais les panneaux rappellent les consignes, notamment l’interdiction de ramasser du bois mort pour le transporter.

À l’approche des fêtes, la question des sapins de Noël a cristallisé les inquiétudes. Une pépiniériste locale évoque une perte proche de 100 000 € après l’annulation d’une grosse commande. Les services de l’État ont ensuite clarifié la règle : les sapins coupés peuvent être livrés dans la zone dès lors qu’ils viennent de régions indemnes, mais ne doivent pas en sortir. Pas de pénurie donc, mais un rappel : même un sapin de Noël reste un végétal réglementé dans le contexte de cette alerte.

Forêt landaise et pins européens : un test grandeur nature face au nématode

L’arrivée de Bursaphelenchus xylophilus dans les Landes frappe au cœur une filière structurante. La forêt landaise, avec près de 1 million d’hectares de pins maritimes, fait vivre environ 35 000 emplois directs et indirects. Les représentants professionnels parlent d’un risque de « mettre une filière complètement à plat » si le parasite devait s’installer durablement. Pour les communes forestières, la découverte est qualifiée de « déflagration pour l’économie du bois ».

Les précédents étrangers alimentent cette inquiétude. Au Portugal, où le nématode du pin est installé depuis 1999, des millions de pins ont été abattus et des dizaines de millions d’euros ont été engagés en tentatives d’éradication, sans empêcher la contamination de l’ensemble du territoire. En Espagne, des foyers restent contenus au prix d’abattages massifs et de zones tampons autour de chaque détection. À l’échelle européenne, des scénarios évoquent jusqu’à 20 milliards d’euros de pertes potentielles entre 2008 et 2030 si le parasite se diffuse dans les principales pinèdes du sud du continent.

Pour la France, les prochaines années serviront de test : soit le foyer landais reste isolé et les mesures d’urgence suffisent, soit d’autres points d’infestation apparaissent et l’on basculera vers une gestion de confinement au long cours. Les experts soulignent le rôle du changement climatique – étés plus chauds, épisodes de sécheresse – qui fragilise les pins et favorise la maladie du flétrissement. Dans ce contexte, la question de la diversification des essences (introduire davantage de feuillus aux côtés du pin maritime) s’impose au centre du débat sur l’avenir de la forêt landaise et, au-delà, des pins européens.

Éliane Vasseur-Roche

Analyste du secteur 3D (Désinsectisation, Dératisation, Désinfection) : Claire Moreau observe et analyse les tendances du marché de la lutte anti-nuisibles en France. Elle rédige des actualités sur les innovations techniques, les nouveaux acteurs du secteur, les études scientifiques récentes et les statistiques d'infestations publiées par les autorités. Son approche factuelle aide à comprendre les enjeux actuels de la gestion des nuisibles urbains.

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