Des pelles pour dégager le jardin, des trottoirs couverts de chenilles, des murs qui bougent littéralement sous les insectes… Ces images ont circulé récemment, sur les réseaux sociaux comme dans les journaux locaux. On y voit des habitants débordés, incapables de mettre un pied dehors sans en écraser.
Mais qu’est-ce que ce type de chenilles, qui se déplacent en masse et dévorent le paysage ? Pourquoi apparaissent-elles soudainement, parfois par milliers ? Sont-elles dangereuses pour l’homme ou les animaux ? Et surtout : que peut-on faire pour les reconnaître, les limiter, ou les éliminer sans se tromper ?
Une invasion massive qui n’épargne plus certaines régions
Les années 2023 à 2025 ont marqué un tournant dans la visibilité des chenilles du Bombyx en France. Dans plusieurs territoires, ces insectes ont cessé d’être un phénomène discret pour devenir un véritable problème local. Des forêts entières brunies, des habitations encerclées, des routes glissantes de soies… on n’était plus dans l’anecdote, mais dans l’occupation du paysage.
Si ce type de pullulation n’est pas nouveau d’un point de vue biologique, son ampleur, sa durée et son impact sur les riverains ont largement surpris. Et parmi toutes les zones touchées, une région a concentré l’attention.
La Corse en première ligne : forêts défoliées, routes envahies
En 2024 puis 2025, la Corse a vécu ce que les médias locaux ont surnommé “l’enfer des chenilles”. Dans certains massifs, plus de 20 000 hectares de forêts ont été totalement défoliés. Les chênes, nus dès la fin du printemps, donnaient aux paysages un air de friche brûlée. Sur le terrain, les habitants ont dû utiliser des pelles pour dégager leurs terrasses ou balayer les murs de leurs maisons, littéralement recouverts de larves actives.
Les autorités – préfectures, DRAAF, services forestiers – ont rapidement communiqué. Leur message : pas d’urtication, pas de danger sanitaire direct, et surtout une dynamique naturelle, appelée à s’effondrer d’elle-même. Mais dans les jardins, la gêne était bien réelle.
D’autres zones touchées : Occitanie, Nouvelle-Aquitaine, PACA
En dehors de la Corse, plusieurs régions du sud et de l’ouest de la métropole ont signalé des épisodes de forte densité. Dans certains secteurs de l’Occitanie ou de la Nouvelle-Aquitaine, les chênes des jardins publics ou des haies de quartier ont été intégralement mangés en quelques semaines. Des communes ont même distribué des pièges à phéromones aux habitants, ou subventionné des traitements localisés à base de Bacillus thuringiensis.
Des campagnes de communication ont également vu le jour, pour expliquer comment différencier le Bombyx des chenilles processionnaires, souvent confondues par les particuliers. Dans certains cas, le simple contact visuel avec des centaines de chenilles poilues suffisait à créer l’inquiétude.
Invasion impressionnante… mais pas toujours dangereuse
Les spécialistes l’expliquent : ces pullulations sont cycliques, naturelles, et limitées dans le temps. Le Bombyx disparate, en particulier, suit des phases de développement explosif avant de s’effondrer naturellement sous l’effet des maladies, prédateurs et carences alimentaires. C’est pourquoi la majorité des forêts touchées n’ont reçu aucun traitement chimique massif.
Mais pour les particuliers, il est difficile de faire la part des choses. Entre ce que l’on voit sur les réseaux (vidéos TikTok de jardins “en mouvement”) et la réalité biologique, il y a un écart. Et quand une façade se met à grouiller, la nuance entre “pas dangereux” et “insupportable” devient très mince.
Qu’est-ce que la chenille du Bombyx ? De quoi parle-t-on exactement ?
Quand on parle de “chenille du Bombyx”, on désigne en réalité plusieurs espèces de lépidoptères défoliateurs, dont deux sont principalement concernées en France : le Bombyx disparate et le Bombyx du pin. Ces deux espèces appartiennent à des familles différentes, mais partagent un point commun : leurs larves sont responsables de dégâts spectaculaires sur les feuillages, dans les jardins comme en forêt.
Très visibles à leur dernier stade larvaire, ces chenilles sont longues, poilues, et capables de recouvrir des surfaces entières. Pourtant, elles ne présentent pas toutes le même niveau de danger ni le même comportement. Avant de paniquer, il faut savoir de quoi on parle.
Deux espèces concernées : Bombyx disparate et Bombyx du pin
Le Bombyx disparate (Lymantria dispar) est un papillon de la famille des Erebidae. Sa chenille est facilement reconnaissable à ses paires de points bleus suivies de points rouges alignés sur le dos, à son corps sombre et velu, et à ses mouvements vifs en période chaude. L’adulte femelle, blanche avec des motifs gris, ne vole pas, contrairement au mâle, brun et plus petit. Cette espèce affectionne particulièrement les feuillus comme les chênes, charmes et hêtres, et peut pulluler sur plusieurs kilomètres carrés.
Le Bombyx du pin (Dendrolimus pini) appartient, lui, à la famille des Lasiocampidae. Sa chenille est plus trapue, moins colorée, et surtout inféodée aux conifères (pins sylvestres, laricio, maritimes…). Elle est observée plus rarement, dans des massifs résineux bien localisés, souvent en altitude ou dans le quart sud-est. Les dégâts sont similaires (défoliation), mais le cycle biologique et la période d’activité diffèrent légèrement.
Pour faire simple : le Bombyx disparate attaque les feuillus, le Bombyx du pin attaque les conifères, et les deux peuvent provoquer des invasions impressionnantes selon les années.
Bombyx et processionnaires : deux familles bien distinctes
Les chenilles du Bombyx n’ont aucun lien direct avec les chenilles processionnaires. Le Bombyx disparate (Lymantria dispar) appartient à la famille des Erebidae, tandis que le Bombyx du pin (Dendrolimus pini) relève des Lasiocampidae. En face, les processionnaires du pin ou du chêne (Thaumetopoea pityocampa, Thaumetopoea processionea) sont classées dans une autre famille : les Notodontidae.
Leur biologie ne suit pas les mêmes logiques. Les Bombyx se développent de manière individuelle, sans structure sociale ni nid collectif. Ils ne tissent pas de cocon de groupe dans les branches, ne se déplacent pas en file, et n’organisent aucune descente structurée vers le sol. Ce sont des lépidoptères à part entière, mais ils ne présentent aucun des comportements typiques des chenilles processionnaires.
À quoi ressemblent-elles ? Comment les reconnaître facilement ?
Quand elles apparaissent au printemps, les chenilles du Bombyx ne passent pas inaperçues. Longues, poilues, parfois regroupées en nombre, elles ont des caractéristiques bien précises selon l’espèce. Savoir les différencier permet d’identifier plus rapidement l’origine d’une invasion et de comprendre le cycle en cours.
Voici les trois formes visibles que l’on peut croiser dans un jardin, sur un tronc ou à l’intérieur d’une habitation : la chenille, l’œuf ou le cocon, et le papillon adulte.


Chenille du Bombyx disparate : points bleus et rouges, soies longues
La larve de Lymantria dispar, aussi appelée “spongieuse”, mesure jusqu’à 7 cm à maturité. Elle est allongée, sombre, velue, avec une alternance bien visible de 5 paires de points bleus à l’avant et 6 paires de points rouges à l’arrière, alignés sur le dos. On distingue aussi deux grandes taches noires sur la tête, qui évoquent des “yeux”.
Les soies sont longues, denses mais non urticantes. Aux stades jeunes, la chenille est plus discrète, mais elle devient très visible à partir du mois de mai. En cas de forte densité, elle peut recouvrir troncs, rambardes ou clôtures de manière spectaculaire.
Chenille du Bombyx du pin : un cas plus rare, mais à connaître
La larve de Dendrolimus pini est moins fréquente, mais mérite d’être identifiée. Elle mesure également jusqu’à 7–8 cm, avec un corps brun grisâtre, épais, parfois tacheté, recouvert de soies plus courtes. Elle présente une teinte plus uniforme, sans les rangées de points colorés caractéristiques du Bombyx disparate.
On la trouve surtout sur les pins sylvestres ou laricio, dans des zones boisées plus localisées. Elle peut apparaître dès la fin de l’été ou au début de l’automne, car son cycle est plus long, avec une période de développement hivernal au sol. Les cas signalés en France restent rares, mais cette espèce est bien présente dans certaines forêts du Sud-Est et en altitude.
Œufs, cocons, papillons : signes visibles d’infestation
En dehors des chenilles elles-mêmes, plusieurs formes permettent de repérer une infestation. Le plus courant est l’œuf : le Bombyx disparate pond ses œufs en fin d’été sous forme de masses brun jaunâtre, souvent déposées directement sur les troncs, les murs ou les structures verticales. Ces amas sont couverts de poils protecteurs et peuvent contenir jusqu’à 300 œufs regroupés en une seule plaque.
La nymphose se fait dans un cocon de soie brun, souvent caché dans le feuillage ou les fissures de l’écorce. On peut également observer le papillon adulte : la femelle est blanche, large et immobile (elle ne vole pas), tandis que le mâle est brun et très mobile, attiré par les phéromones. Ces formes adultes sont visibles en plein été, surtout en soirée ou en début de nuit.
🧾 Points-clés pour une identification rapide :
- B. disparate : corps sombre, points bleus + rouges alignés, longues soies, jusqu’à 7 cm
- B. du pin : brun grisâtre, aucun point coloré, corps massif, jusqu’à 8 cm
- Œufs : plaque ovale, brune, poilue, collée sur tronc ou mur, jusqu’à 300 œufs
- Cocon : brun, soyeux, dans l’écorce ou la végétation
- Adulte : femelle blanche et immobile, mâle brun et volant, visibles l’été
Cycle de vie, saison d’apparition : comment évolue une infestation
Les chenilles du Bombyx n’apparaissent pas au hasard : leur développement suit un cycle biologique bien défini, qui dépend à la fois de l’espèce, de la saison et des conditions locales (température, disponibilité de feuillage, altitude…). Comprendre ce cycle permet d’anticiper les phases de prolifération et de mieux cibler les traitements quand c’est nécessaire.
Voici les différentes étapes clés dans le développement de ces chenilles, depuis la ponte jusqu’au papillon adulte, en passant par la nymphose.
Ponte et éclosion : fin d’été à début du printemps
Chez le Bombyx disparate, la femelle pond en août-septembre une masse compacte d’œufs (jusqu’à 300) sur l’écorce, les rambardes ou les structures verticales. Cette ponte entre en diapause hivernale, c’est-à-dire que les œufs restent inactifs jusqu’aux premières chaleurs du printemps suivant.
Les éclosions ont généralement lieu entre fin mars et fin avril, selon les régions. Les jeunes larves montent rapidement dans les feuillages et entament leur croissance en consommant les premières feuilles tendres.
Phase larvaire active : avril à juin
Une fois écloses, les larves passent par 5 à 6 stades de développement successifs. Chaque stade est marqué par une mue, avec un allongement du corps, un renforcement des soies, et l’apparition des motifs dorsaux caractéristiques.
La phase larvaire dure environ 6 à 8 semaines, pendant lesquelles les chenilles deviennent progressivement plus visibles, notamment à partir de mai. C’est à ce moment-là qu’on observe les regroupements spectaculaires sur les troncs ou les balustrades.
Nymphose et émergence du papillon : juin à juillet
Arrivées à maturité, les chenilles se nymphosent en s’enfermant dans un cocon de soie brun, caché dans l’écorce ou sous une branche. Cette phase dure de 10 à 15 jours, selon les températures. Au terme de cette période, le papillon adulte émerge.
La femelle adulte, blanche et incapable de voler, reste immobile et émet des phéromones pour attirer le mâle. Le mâle, brun et actif, vole principalement en soirée. L’accouplement a lieu dans les heures qui suivent l’émergence, suivi de la ponte… et d’un nouveau cycle.
Cycle du Bombyx du pin : un développement en deux temps
Le Dendrolimus pini a un cycle légèrement différent : il pond à la fin de l’été, mais les chenilles éclosent à l’automne. Elles se nourrissent rapidement, puis entrent en diapause larvaire au sol pendant tout l’hiver. Leur croissance reprend ensuite au printemps, avec une nymphose plus tardive, généralement en mai-juin.
Ce cycle long, étalé sur deux saisons, explique que cette espèce soit moins visible, mais présente sur certaines zones boisées en altitude ou dans les massifs méditerranéens.
Dégâts causés aux arbres, à l’environnement et aux riverains
Lors d’une invasion de Bombyx, ce ne sont pas les poils des chenilles qui posent problème, mais bien leur appétit dévastateur. En quelques jours, elles peuvent transformer une chênaie feuillue en paysage grisâtre, comme brûlé. Les feuillages sont entièrement rongés, surtout en début d’été, quand les larves atteignent leur maturité. Certaines zones, notamment en Corse, ont vu jusqu’à 20 000 hectares de forêts sévèrement défoliées deux années de suite.
Heureusement, les arbres adultes survivent : ils rebourgeonnent en fin d’été ou l’année suivante. Mais les attaques répétées fragilisent leur équilibre, les exposant à des stress hydriques ou à des maladies fongiques. Chez les jeunes pousses, une défoliation prolongée peut mener à la mortalité. En parallèle, des impacts indirects ont été observés, comme la baisse de production de glands dans certaines forêts corses, inquiétant les éleveurs de porcs locaux.
Pour les riverains, le problème est d’un autre ordre : en période de pic, les chenilles tombent massivement des feuillages, s’éparpillent sur les terrasses, rampent sur les façades ou tentent d’entrer dans les habitations. Le phénomène est impressionnant, parfois envahissant, mais sans danger sanitaire direct. En se décomposant, les corps peuvent dégager une odeur désagréable, source d’inconfort dans les jardins et zones résidentielles.
Côté santé humaine et animale, il faut être clair : la chenille du Bombyx disparate n’est pas urticante. Ses poils ne contiennent pas de toxines allergènes. Seules les personnes à peau sensible pourraient ressentir une légère gêne au contact direct, mais sans risque d’urticaire ni de réaction grave. Aucune nécrose, brûlure ou effet dangereux n’a été signalé chez les animaux domestiques.
Concernant le Bombyx du pin, certains documents listent l’espèce parmi les chenilles “potentiellement urticantes”, mais les cas sont rares et peu documentés. En cas de doute sur l’identification, il est recommandé de ne pas manipuler les chenilles à mains nues sans protection, par simple prudence.
Bombyx ou processionnaire ? Les vraies différences à connaître
Dans l’imaginaire collectif, toute chenille poilue qui tombe des arbres ou colonise les murs devient aussitôt une « processionnaire ». Pourtant, ce réflexe mène à des erreurs d’identification fréquentes, avec des conséquences concrètes : crainte injustifiée dans un cas, ignorance du danger dans l’autre. Il est donc essentiel de savoir faire la différence entre une chenille de Bombyx (disparate ou du pin) et une chenille processionnaire.
Biologiquement, ces espèces n’ont rien à voir. Les Bombyx (comme Lymantria dispar ou Dendrolimus pini) appartiennent à une autre famille que les processionnaires (Thaumetopoea spp.). Leur morphologie, comportement et dangerosité sont totalement différents.
Sur le plan physique, plusieurs critères permettent de distinguer les espèces dès le premier regard :
- Bombyx disparate : corps sombre, allongé, points bleus suivis de rouges sur le dos, longues soies, pas de nid, déplacement désordonné.
- Bombyx du pin : brun uniforme, plus massif, aucune marque dorsale, soies plus courtes, vit souvent au sol en hiver.
- Bombyx cul-brun : brun clair, deux verrues orangées sur le dos, lignes blanches latérales, nid soyeux en bout de branche.
- Processionnaire du pin : brun-noir, taches orangées, poils urticants, nid blanc « barbe à papa » dans les pins.
- Processionnaire du chêne : gris clair, bande noire dorsale, très poilue, nid plaqué sur tronc ou grosses branches.
Mais la distinction se fait aussi par le comportement et le risque pour l’humain ou l’animal. Voici les signes à connaître :
- Déplacement en file indienne → typique des processionnaires (au sol ou sur tronc selon l’espèce)
- Nid soyeux visible dans les arbres → systématique chez les processionnaires, rare chez les Bombyx
- Urtication → forte chez les processionnaires, absente ou très légère chez les Bombyx (irritation mécanique au contact)
- Réactions allergiques → causées par les poils toxiques des processionnaires, pas par les Bombyx
- Comportement → Bombyx : erratiques ou regroupés sans ordre / Processionnaires : toujours organisées
Le Bombyx disparate n’est pas urticant, même si son allure impressionne. Aucune mesure de protection particulière n’est à prévoir à son contact. En revanche, les chenilles processionnaires nécessitent une gestion spécifique, avec des risques graves en cas de contact répété avec leurs poils microscopiques.
Les collectivités et services sanitaires insistent sur cette distinction, pour éviter les confusions fréquentes. Reconnaître les vraies différences, c’est éviter à la fois la panique inutile et le traitement inutile… mais aussi réagir rapidement face à un vrai danger quand il se présente.

Caractéristique | Bombyx Disparate (Lymantria dispar) |
Bombyx Cul-Brun (Euproctis chrysorrhoea) |
Processionnaire du Pin (Thaumetopoea pityocampa) |
Processionnaire du Chêne (Thaumetopoea processionea) |
---|---|---|---|---|
Apparence chenille | Points bleus et rouges distinctifs sur le dos | Brune, 2 verrues orange sur le dos, lignes blanches | Brune-noire, taches orangées, poils soyeux | Gris clair, bande dorsale noire, longs poils |
Nid / Abri | Pas de nid commun, regroupements sur les troncs | Nid d'hivernage gris et soyeux en bout de branche | Gros nid blanc soyeux dans les pins (type “barbe à papa”) | Nid plaqué sur tronc ou grosses branches du chêne |
Comportement | Déplacements solitaires ou en groupe désordonné | Déplacements en groupe | Processions au sol en file indienne (printemps) | Processions sur le tronc et les branches, pas au sol |
Danger (urticant) | Non urticant ou très faible irritation mécanique | Urticant | Très urticant et allergisant | Très urticant et allergisant |
Bombyx Disparate (Lymantria dispar) |
|
---|---|
Apparence chenille | Points bleus et rouges distinctifs |
Nid / Abri | Pas de nid, regroupements sur tronc |
Comportement | Solitaires ou groupes désordonnés |
Danger | Non urticant |
Bombyx Cul-Brun (Euproctis chrysorrhoea) |
|
---|---|
Apparence chenille | Brune, verrues orange, lignes blanches |
Nid / Abri | Nid gris soyeux en bout de branche |
Comportement | Déplacements en groupe |
Danger | Urticant |
Processionnaire du Pin (Thaumetopoea pityocampa) |
|
---|---|
Apparence chenille | Brune-noire, taches orangées, poils denses |
Nid / Abri | Nid blanc en “barbe à papa” dans les pins |
Comportement | File indienne au sol |
Danger | Très urticant et allergisant |
Processionnaire du Chêne (Thaumetopoea processionea) |
|
---|---|
Apparence chenille | Gris clair, bande noire, longs poils |
Nid / Abri | Nid plaqué sur tronc ou branches |
Comportement | Processions dans l’arbre (pas au sol) |
Danger | Très urticant et allergisant |
Que faire en cas d’invasion de chenilles du Bombyx ?
Voir des dizaines de chenilles velues ramper sur un tronc, longer une façade ou tomber d’un arbre suffit souvent à semer l’inquiétude. La tentation est grande de vouloir agir vite, voire d’éradiquer à tout prix. Mais faut-il vraiment intervenir ? Le traitement n’est pas toujours nécessaire, ni souhaitable.
Avant de réagir, il faut évaluer la situation. La présence de chenilles du Bombyx ne signifie pas automatiquement qu’un traitement s’impose. Il existe des cas où l’on peut tout à fait patienter… et d’autres où il est préférable d’agir rapidement. Voici comment faire la différence.
Observer d’abord : faut-il intervenir ou patienter ?
Le premier réflexe utile, c’est l’observation. Le Bombyx disparate suit un cycle biologique naturel, qui connaît parfois des pics impressionnants, mais qui reste limité dans le temps. Dans la majorité des cas, les arbres adultes défoliés rebourgeonnent quelques semaines plus tard sans séquelles. En forêt ou en zone peu fréquentée, la nature reprend souvent ses droits sans intervention humaine.
En revanche, certaines situations justifient une action ciblée : invasion sur une terrasse, un jardin habité, une école, ou un arbre affaibli. Dans ces cas-là, il n’est pas question de paniquer, mais de choisir la bonne méthode, au bon moment, avec les bons outils.
Ramasser, tailler, surveiller : les bons gestes au bon moment
Face à une présence localisée ou modérée de chenilles du Bombyx, on peut déjà faire beaucoup sans pulvériser. À condition d’agir tôt, de manière ciblée, et avec les bons réflexes. Voici les gestes mécaniques et méthodes de surveillance les plus utiles, à adopter dès les premiers signes ou en prévention.
Les gestes manuels restent les plus simples et les plus efficaces pour contenir une infestation naissante :
- Balayage et ramassage à la pelle sur les terrasses, escaliers ou entrées – à jeter dans un sac étanche ou à brûler pour éviter les mauvaises odeurs et les pontes secondaires.
- Aspiration à sac dans les garages, pièces basses ou abris : les chenilles capturées doivent être éliminées sans rouvrir le sac.
- Taille ciblée de branches infestées (avec cocons ou regroupements) : couper et brûler en extérieur, en portant masque et gants.
- Échenillage manuel en hiver : gratter les pontes spongieuses visibles sur les troncs (œufs) et détruire – ce geste préventif est très utile dans les zones à risques répétés.
- Pièges physiques autour du tronc : colliers écopièges ou bandes de glu, pour intercepter les descentes – à réserver aux petits sujets ou zones piétonnes sensibles.
En complément, une bonne surveillance permet d’anticiper l’invasion suivante, surtout si le phénomène se répète chaque année :
- Pose de pièges à phéromones dès fin juin pour capter les mâles adultes (type funnel + capsule de « disparlure ») – permet de repérer les pics de vol et de réduire les accouplements.
- Suivi de la fréquentation : un jardin déjà touché une année a plus de chances d’être ciblé de nouveau – installer les pièges à la même période chaque été pour ajuster les réponses.
Ces méthodes, faciles à mettre en œuvre, forment la base d’une lutte raisonnée, efficace et sans risques inutiles. Elles sont d’autant plus pertinentes dans les jardins privés, les établissements scolaires, ou les zones à forte fréquentation.
Traiter les chenilles : ce qui fonctionne vraiment (et ce qu’il faut éviter)
Quand les gestes mécaniques ne suffisent plus ou que l’invasion s’intensifie, certaines solutions permettent d’intervenir de façon plus directe. L’enjeu est d’agir efficacement sans nuire aux espèces utiles ni déséquilibrer l’environnement local.
Bacillus thuringiensis (BtK) reste la référence pour un traitement curatif ciblé, à condition de respecter son mode d’action et son calendrier d’application :
- À pulvériser sur le feuillage infesté, au printemps (avril à début juin), lorsque les chenilles sont jeunes (stades L1 à L3).
- Le Bt est inoffensif pour l’homme, les animaux, les abeilles et les auxiliaires, s’il est appliqué sans excès.
- Son efficacité est maximale par temps sec et doit être renouvelée après une pluie.
- Il agit uniquement par ingestion : les chenilles cessent de se nourrir en 24 à 48 h avant de mourir.
La rétrogradation naturelle est souvent suffisante : à la fin d’un pic, la population s’effondre d’elle-même, faute de nourriture ou sous l’effet des maladies fongiques et virales. Cette stratégie, documentée par l’ONF, est souvent la plus sage en forêt ou en milieux non sensibles.
Favoriser la lutte biologique permet de renforcer la résilience du jardin ou des espaces verts :
- Installer des nichoirs à mésanges ou chauves-souris pour renforcer la prédation naturelle des chenilles et papillons.
- Préserver les haies, zones enherbées, bois morts et micro-habitats utiles aux insectes auxiliaires (carabes, guêpes parasitoïdes, etc.).
- Éviter tout traitement généralisé ou insecticide non sélectif qui perturberait cet équilibre biologique.
Les traitements chimiques ne doivent être envisagés qu’en dernier recours, et uniquement par des professionnels certifiés :
- Produits homologués comme le diflubenzuron (régulateur de croissance) ou certains pyréthrinoïdes peuvent être utilisés sur des arbres patrimoniaux ou sites sensibles.
- Ces substances sont strictement encadrées, avec obligation de respecter les périodes sans risque pour les pollinisateurs.
- Leur usage grand public est déconseillé, car ils affectent aussi les autres chenilles, insectes et auxiliaires présents.
Pour les cas complexes ou persistants, il est préférable de se limiter à des traitements ciblés et encadrés, sans chercher à tout éradiquer à tout prix. En cas de doute sur la marche à suivre, il vaut mieux demander conseil à un professionnel plutôt que de multiplier les essais hasardeux, parfois contre-productifs pour l’écosystème local.
Quand faire appel à une intervention professionnelle ?
Dans certains contextes, les gestes manuels ou les traitements écologiques ne suffisent plus. Quand les chenilles du Bombyx sont présentes en masse sur des terrasses, des murs ou près de zones sensibles (écoles, résidences, maisons de retraite), une intervention extérieure peut s’imposer.
Les entreprises de traitement de chenille comme Solution Nuisible sont équipées pour intervenir sans risque, en adaptant les méthodes selon le lieu, l’espèce et la densité. Application de Bt à hauteurs inaccessibles, aspiration sécurisée, sécurisation de zone piétonne, piégeage ciblé : les professionnels travaillent en précision, pas en arrosage chimique massif.
Une règle simple : dès qu’une infestation devient gênante pour la vie quotidienne (nuisances sur la terrasse, intrusion dans l’habitation, chute massive sur les voitures, inquiétude des voisins…), on peut demander un devis. Dans les copropriétés ou les établissements recevant du public, cette démarche est même fortement recommandée.
Le cas du Bombyx cul-brun : quand la lutte devient indispensable
Souvent confondu avec ses cousins inoffensifs, le Bombyx cul-brun (Euproctis chrysorrhoea) est une espèce à part dans la famille des chenilles velues. Ses poils sont urticants, avec un réel pouvoir allergène à partir du troisième stade larvaire. Ce n’est donc pas une simple gêne visuelle : en zone habitée, il devient nécessaire d’intervenir pour prévenir les accidents cutanés.
Un nid soyeux… mais dangereux
Les chenilles du cul-brun hivernent dans des nids grisâtres accrochés en bout de branches. Ces nids contiennent des milliers de poils urticants actifs toute l’année. Les couper et les brûler en hiver est la méthode la plus fiable pour neutraliser le risque. Une précaution majeure : intervention toujours avec EPI complets (combinaison, masque, lunettes, gants).
Et si le nid n’a pas été détruit ?
Il reste possible de traiter biologiquement au printemps, dès la reprise d’activité des chenilles. Le Bacillus thuringiensis var. kurstaki (BtK) est efficace s’il est pulvérisé directement sur les feuillages colonisés. Là encore, l’intervention doit être précise, pour éviter de toucher les insectes utiles.
Ce que dit la réglementation sur les chenilles du Bombyx
À ce jour, les chenilles du Bombyx disparate et du Bombyx cul-brun ne sont pas classées comme espèces nuisibles à la santé humaine. Aucun texte réglementaire national n’impose leur signalement ou leur destruction. Elles ne figurent ni dans le Code rural, ni dans les listes d’organismes de quarantaine, ni dans les obligations de lutte préfectorales.
La confusion vient souvent du statut des chenilles processionnaires du pin et du chêne, qui, elles, font l’objet d’une réglementation stricte depuis le décret du 25 avril 2022. Ce texte les désigne comme dangereuses pour la santé humaine. Il permet aux préfets de prendre des arrêtés locaux imposant des mesures de lutte, notamment dans les zones habitées ou sensibles (écoles, crèches, hôpitaux).
Concernant les Bombyx, certaines communes ont ponctuellement engagé des campagnes de traitement, en particulier lors des pullulations de 2024–2025 en Corse. Ces actions relèvent toutefois de choix locaux de gestion écologique, sans obligation légale. Aucune sanction n’est prévue en cas d’inaction.
Autrement dit, lorsqu’il s’agit de Bombyx, chaque particulier, gestionnaire de terrain ou collectivité reste libre de décider s’il agit… ou non, en fonction du contexte et des désagréments constatés.
Solution Nuisible : une intervention rapide et ciblée contre les chenilles du Bombyx
Quand les chenilles du Bombyx envahissent une façade, une terrasse ou un espace sensible, l’intervention doit être rapide, propre et adaptée. Chez Solution Nuisible, nous traitons ces infestations avec des protocoles éprouvés : pulvérisation de Bacillus thuringiensis à bonne hauteur, aspiration sécurisée des zones colonisées, gestion des cocons ou pontes selon les cas. Nos techniciens sont formés pour intervenir sans délai et sans improvisation.
Chaque opération est précédée d’une évaluation sur place : type de site, niveau d’invasion, risques pour les usagers. Cette analyse permet un traitement juste et efficace, sans surexposition chimique, même en présence d’enfants ou d’animaux. Notre matériel s’adapte aux configurations complexes : arbres isolés, cours d’école, jardins collectifs ou résidences.
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? Questions – Réponses (FAQ)
Est-ce que les chenilles du Bombyx rentrent dans les maisons ?
Oui, cela peut arriver, surtout si l’infestation est forte à proximité de l’habitation. Les chenilles cherchent parfois des zones calmes et sombres pour se regrouper ou nymphoser, comme les garages, abris, dessous de terrasse ou même les encadrements de fenêtres.
Est-ce que le Bombyx peut s’installer dans un potager ?
Non, pas directement. Le Bombyx disparate s’attaque uniquement aux feuillus comme les chênes ou les charmes, pas aux légumes ni aux plantes potagères. Mais les chenilles peuvent traverser le potager pour atteindre un autre arbre.
Peut-on marcher sur des chenilles du Bombyx sans danger ?
Oui. Les poils des chenilles du Bombyx disparate ne sont pas urticants. Marcher dessus n’entraîne pas de réaction cutanée, mais cela peut dégager une odeur désagréable si elles sont nombreuses et en décomposition.
Les chenilles du Bombyx attirent-elles d’autres nuisibles ?
Pas directement. Mais leur présence peut attirer des insectes opportunistes (fourmis, mouches) si les cadavres s’accumulent ou si des cocons sont laissés à l’abandon. Aucun nuisible spécifique ne dépend du Bombyx.
Les chenilles du Bombyx grimpent-elles sur les murs ?
Oui, fréquemment. Elles cherchent parfois un abri en hauteur pour se nymphoser. Les façades, rambardes, volets ou piliers peuvent donc être colonisés temporairement, surtout en fin de cycle larvaire.
Est-ce que le Bombyx abîme les cultures ?
Non. Le Bombyx ne s’attaque pas aux plantes cultivées, potagères ou agricoles. Il cible uniquement les arbres feuillus (disparate) ou les conifères (Bombyx du pin). Les cultures ne sont pas concernées.
Le nettoyage au souffleur est-il une bonne idée ?
Non. Un souffleur disperse les chenilles et leurs poils dans toutes les directions, ce qui peut favoriser la propagation ou compliquer le nettoyage. Il vaut mieux balayer ou aspirer de manière localisée.
Le vent peut-il aider à propager les chenilles ?
De façon marginale. Seuls les très jeunes stades peuvent être portés par le vent sur de courtes distances. Ce sont surtout les papillons adultes ou les transports passifs (sur véhicules, matériaux) qui favorisent la dispersion.
Les poils de Bombyx peuvent-ils boucher les filtres de piscine ?
Oui, dans certains cas. Les soies des chenilles mortes, combinées à la soie des cocons, peuvent s’accumuler dans les skimmers ou les filtres. Un nettoyage régulier est conseillé si une infestation est proche.
Combien de temps vit une chenille du Bombyx ?
La phase larvaire dure en moyenne 6 à 8 semaines pour le Bombyx disparate, entre avril et juin. Après cela, la chenille entre en nymphose pour devenir papillon. L’espérance de vie totale d’une larve est donc de deux mois environ.
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